La confiance en soi est un sujet fréquemment abordé lors de mes accompagnements en Gestalt Thérapie. Mes client(s) me parlent souvent de leurs symptômes du manque de confiance en soi : peur du regard des autres et d’être jugé.e, sentiment d’être « trop » ou « pas assez », d’être « nul(le) », difficultés à supporter les critiques ou à faire des choix etc.
Avant d’apprendre à identifier les symptômes du manque de confiance en soi, il me semble important de définir ce qu’est la confiance en soi. En quoi est-elle différente de l’estime de soi et de l’affirmation de soi ? Comment ces 3 notions sont essentielles et contribuent à l’image qu’on a de soi ? Puis, nous verrons ensemble que la confiance en soi peut fluctuer, et que savoir douter est important jusqu’à un certain point.
L’estime de soi, la confiance en soi et l’affirmation de soi
L’estime de soi
Définition | C’est ce que je suis, ce que je pense de moi. C’est la valeur que je m’accorde. |
Description | L’estime de soi est subjective et donc pas rationnelle. L’estime de soi a 2 composantes : – le regard et le jugement que je porte sur moi, et à travers le regard des autres, – l’amour que je porte à ce regard / à cette image. |
Conséquence | Penser que j’ai de la valeur et m’aimer. |
La confiance en soi
Définition | C’est ce que je fais. C’est à la fois connaître mes capacités mais également mes limites dans ce que je fais. |
Description | La confiance en soi consiste à connaître mes forces et faiblesses, et ne pas me surestimer. C’est ne pas avoir peur de mon environnement, identifier et assumer mes propres besoins et désirs tout en acceptant que mes actes puissent ne pas plaire à tous. La confiance en soi est un moteur qui me permet d’agir, d’oser, de prendre des risques. |
Conséquence | Réussir à agir, malgré les difficultés et les risques. |
L’affirmation de soi
Définition | C’est la façon dont je me comporte avec les autres. Ça concerne donc mes relations avec les autres. |
Description | L’affirmation de soi c’est exprimer clairement et avec honnêteté ce que je pense, ressens, veux ou dont j’ai besoin, tout en restant attentif à ce que l’autre pense, ressent et souhaite. C’est savoir prendre ma place tout en laissant de la place aux autres. |
Conséquence | Savoir exprimer mon opinion, défendre mon point de vue, pouvoir dire non, recevoir ou formuler un compliment, et aussi une critique, négocier etc. |
L’estime de soi, la confiance en soi et l’affirmation de soi sont à la fois indépendantes et liées entre elles.
L’affirmation de soi s’appuie sur la confiance en soi, qui elle-même repose sur l’estime de soi.
- En effet, en m’estimant c’est-à-dire en étant conscient de ma propre valeur et en m’aimant (estime de soi),
- je peux plus facilement oser, faire des choix et entreprendre des actions (confiance en soi),
- ce qui me donne plus d’assurance pour exprimer mon opinion, expliquer mes choix, défendre mon point de vue auprès des autres (affirmation de soi).
De l’autre côté, l’affirmation de soi permet de développer son estime et sa confiance en soi.
- En effet, l’affirmation de soi permet d’améliorer la perception que j’ai de moi-même à travers le regard des autres (estime de soi).
- L’affirmation de soi permet de renforcer la qualité de mes relations ainsi que d’exprimer plus aisément mes idées et projets (confiance en soi).
Ces trois éléments sont liés et essentiels : ils permettent d’améliorer l’image que j’ai de moi, pour être davantage aligné avec la vie que je souhaite mener.
La confiance en soi peut fluctuer et devenir une réelle source de souffrance
La confiance en soi n’est pas constante.
- En effet, elle peut diminuer à la suite d’échecs, de doutes ou de traumatismes.
- Par ailleurs, la durée et l’intensité des périodes de doute varient d’une personne à l’autre.
- Ainsi, chaque personne peut manquer de confiance en soi à un moment donné.
La confiance en soi peut également varier selon le domaine :
- Il est tout à fait possible d’avoir confiance en soi dans un domaine tout en manquant complètement de confiance dans un autre.
- Ainsi, je peux avoir une très grande assurance dans le domaine professionnel, tout en éprouvant une grande incertitude dans ma vie personnelle.
Le manque de confiance en soi peut devenir une réelle source de souffrance, c’est-à-dire difficile à vivre au quotidien. Cela arrive :
- quand la souffrance devient fréquente, voire permanente,
- et qu’elle prend une ampleur disproportionnée par rapport aux événements qui l’ont déclenchée.
Le doute est important, indépendamment de sa confiance en soi
Il est important de savoir douter lorsqu’il s’agit de décisions cruciales (comme une union, un achat important, etc.), tout en étant capable de ne pas hésiter lorsqu’il s’agit de décisions moins significatives.
On distingue deux types de doutes :
Le doute constructif | Le doute pathologique |
Intervient avant de prendre une décision, et disparaît après. | Se traduit par une indécision continue, même une fois que la décision a été prise. |
Accepte qu’il y a plusieurs choix valables, que le choix puisse être imparfait, et qu’on puisse se tromper. | Ne tolère pas l’échec ni l’erreur et considère qu’il y a que des bons ou des mauvais choix. |
Permet d’opter pour le meilleur choix et de prendre une décision. | Entraîne de la procrastination. |
Conduit à une satisfaction après la prise de décision. | Conduit à une insatisfaction et des regrets après la prise de décision. |
Les 3 domaines où s’exprime le manque de confiance en soi
Les symptômes du manque de confiance en soi apparaissent dans 3 domaines :
- Comportementaux : je n’arrive plus à agir et entreprendre des projets.
- Émotionnels : je ressens des émotions désagréables : anxiété excessive, sentiment permanent de honte, colère, amertume, découragement.
- Psychologiques : mes doutes sur mes compétences deviennent permanents, avec des pensées négatives envahissantes.
Les 12 symptômes du manque de confiance en soi et d’estime de soi
En me basant sur les différents symptômes du manque de confiance en soi et d’estime de soi que Christophe André (psychiatre, psychothérapeute et écrivain) a identifié, et en les complétant, je vous propose de découvrir ces 12 symptômes :
1. L’obsession de mon image
- Je me focalise de façon démesurée sur mon image, sur comment les autres peuvent me percevoir, et je le vis comme un réel souci.
- J’ai peur d’être jugé(e) par l’autre.
2. Le sentiment d’infériorité
- Je me sens différent(e) des autres c’est-à-dire plus fragile, moins compétent(e), plus vulnérable…
- J’ai tendance à me sentir seul(e).
- Je doute de mes propres capacités.
- Je me critique constamment.
- Je me fixe des exigences très élevées voire impossibles à atteindre, ce qui a tendance à m’empêcher d’agir.
3. La dépendance excessive vis-à-vis des normes
- J’ai tendance à m’adapter aux normes et aux codes sociaux (en matière d’apparence, de comportement, de vêtements, de vocabulaire, de politesse…) pour éviter toute situation qui pourrait mener à me démarquer.
- Je n’ose pas déranger l’autre, demander quelque chose, solliciter de l’aide, dire que je ne sais pas ; « ça ne se fait pas ».
- J’ai peur d’être identifié(e) comme différent(e) des autres.
4. Le sentiment de « faire semblant »
- Je ne peux pas être moi-même, exprimer mes besoins ou mes opinions par peur d’être rejeté(e) par l’autre.
- Alors, je fais semblant d’être fort(e) (« tout va bien »), d’être faible (« je suis peut-être stupide, pouvez-vous m’aider ? »), d’être indifférente(e) (« non, je ne suis pas déçu(e), ni triste, ni malheureux(se) »).
- J’essaye d’être le plus conforme possible aux désirs des autres. Ainsi, je me cache derrière un personnage social, qui se place entre moi et les autres.
5. La remise en question permanente
- Je me remets en question tout le temps quand j’ai une estime de moi basse.
- J’ai également peur de prendre une mauvaise décision ou de ne pas être capable de gérer les conséquences de mon choix. J’attends le dernier moment pour effectuer mon choix, ça me paralyse, je regrette souvent le choix que j’ai fait.
- J’ai peur de l’échec.
6. Le sentiment d’illégitimité voire d’imposture
- Lors d’un succès ou d’une reconnaissance, je me demande si je le mérite véritablement.
- J‘ai également le sentiment que je ne serai pas à la hauteur des attentes des autres.
- J’ai des difficultés à recevoir les compliments, doutant de leur sincérité ou de leur objectivité.
7. Le sentiment d’insécurité dans les situations sociales
- Je suis extrêmement vigilant(e) au regard des autres, à ce que les personnes peuvent penser de moi, si elles m’apprécient ou pas, et ça me pèse.
- Je fais attention à ce que je dis, à ce que je porte, à comment je me tiens.
- Je me compare de façon incessante aux autres, entraînant de la jalousie et de la frustration.
- Je peux également me restreindre dans mes activités sociales.
8. Le négativisme
- Je ne vois que le mauvais côté des choses, les mesquineries.
- Je peux même parfois rabaisser l’autre. Ainsi, je ne suis pas le seul à être nul !
- Je peux être également intolérant(e) avec tout ce qui remet en cause mes valeurs et mes certitudes. En effet, je ne supporte pas qu’on me confronte à mes doutes, à mon insécurité.
9. La difficulté à demander de l’aide
- Je me sens dévalorisé(e) à demander de l’aide si je vais mal.
- Je peux ressentir du désespoir et de la honte à le faire.
- En effet, demander de l’aide pourrait être interprété comme un acte de faiblesse.
10. Des émotions désagréables et intenses
- Je ressens intensément et fréquemment des émotions telles que la honte, la colère, l’inquiétude, la tristesse, l’envie…, qui peuvent durer.
- Ces émotions ont généralement un impact sur mon quotidien, entraînant des colères et disputes, ou ressentiments et rancœurs…
- On dit souvent de moi que je suis une personne « compliquée ».
11. L’auto-aggravation de mes difficultés personnelles
- Lorsque je vais mal, j’évite les actions qui pourraient m’aider à aller mieux.
- Au contraire, je ne fais rien, ou je fais l’opposé.
- Par exemple, au lieu de sortir et de voir des ami(e)s, je reste enfermé chez moi et je m’isole.
12. Des comportements inadéquats
- Je peux devenir désagréable si je me sens jugée(e).
- Par ailleurs, je peux essayer d’impressionner voire de rabaisser l’autre, c’est plus fort que moi alors que ça ne correspond pas du tout à mes valeurs.
Pour conclure, il est essentiel de garder à l’esprit que les symptômes du manque de confiance en soi ne sont pas irréversibles. Il est tout à faire possible de travailler sur soi-même pour renforcer sa confiance et développer une bonne estime de soi, peu importe l’âge ou la situation.
Bibliographie
- Imparfaits, libres et heureux – Pratiques de l’estime de soi, Christophe André, Odile Jacob, 2006
- La confiance en soi – Comment croire en vous ?, Frédéric Fanget, Catherine Meyer, Line Hachem, Les Arènes BD, 2024
Stéphane BAUDOUIN
Thérapeute en Gestalt Thérapie, je vous reçois dans mon cabinet sur Lyon ou à distance en visio.